Vous travaillez dans le secteur de l’assurance, ou vous envisagez d’y faire carrière ? Alors vous avez sans doute déjà entendu parler de la fameuse Convention collective des sociétés d’assurance. Mais que cache ce nom un peu froid, presque bureaucratique ?
En réalité, c’est un document clé, un garde-fou, un outil précieux… bref, une boussole sociale pour des milliers de salariés du secteur.
Dans cet article, on vous emmène dans les coulisses : salaires, classifications, avantages cachés… Préparez-vous à comprendre ce qui régit vraiment votre quotidien pro.
Qu’est-ce que la convention collective des assurances ?
Une convention collective, c’est un accord signé entre les représentants des employeurs et ceux des salariés d’un secteur. Elle vient compléter le Code du travail en ajoutant des règles plus favorables pour les travailleurs.
Dans le cas présent, il s’agit de la Convention collective nationale des sociétés d’assurances (IDCC 1672, brochure n°3265).
Elle s’applique à toutes les entreprises relevant du secteur des sociétés d’assurance, de réassurance, de capitalisation, ainsi qu’aux syndicats professionnels du secteur.
Et attention : ce texte ne concerne pas les agents généraux ou les courtiers indépendants, qui dépendent d’autres conventions spécifiques.
Signée initialement en 1992, elle a été régulièrement mise à jour par des avenants. Elle couvre aujourd’hui près de 150 000 salariés en France, selon la Fédération Française de l’Assurance. Un poids lourd du dialogue social, donc.
Comment sont fixés les salaires dans cette convention ?
C’est sans doute le sujet qui intéresse le plus les salariés : le salaire minimum conventionnel.
Ici, la convention des assurances établit une grille de salaires par “classe” (on y reviendra), avec des montants plancher que l’employeur ne peut pas ignorer.
Par exemple, en 2025, selon l’avenant 5 du 12 mars, les salaires minimums bruts mensuels sont les suivants :
| Classe | Minimum mensuel brut (à temps plein) |
|---|---|
| Classe 1 | 1 832 € |
| Classe 3 | 2 158 € |
| Classe 5 | 3 146 € |
| Classe 7 | 5 085 € |
Bon à savoir : si votre contrat de travail ou un usage d’entreprise prévoit un salaire plus favorable, c’est ce montant qui s’applique. La convention collective est un plancher, pas un plafond.
En plus de cela, des primes conventionnelles peuvent s’ajouter : prime d’ancienneté, de vacances, voire un 13ᵉ mois selon les entreprises. De quoi rendre la fiche de paie un peu plus réjouissante.
Quels sont les avantages prévus par la convention, en dehors du salaire ?

Au-delà du montant du salaire, cette convention prévoit une batterie d’avantages sociaux qui rendent certains postes dans l’assurance particulièrement attractifs.
Voici quelques exemples :
- Jours de congés supplémentaires pour ancienneté, événements familiaux ou RTT.
- Maintien du salaire en cas de maladie dès le premier jour, selon l’ancienneté.
- Complémentaire santé de qualité souvent prise en charge à plus de 50 % par l’employeur.
- Régime de prévoyance collectif renforcé (invalidité, décès).
- Aide à la formation professionnelle et évolution de carrière encadrée.
Le télétravail, même s’il dépend surtout des accords internes, est de plus en plus intégré aux usages des grands groupes du secteur.
Certains proposent même une prime d’équipement ou un forfait d’indemnité à ce titre.
En résumé, la convention collective joue ici un rôle de protection et de levier social. Ce sont ces avantages cumulés qui rendent certaines entreprises d’assurance si attractives à l’embauche.
Comment fonctionne la classification dans la convention ?
Ici, on entre dans un domaine un peu technique… mais fondamental. La “classe” d’un salarié, dans cette convention, correspond à sa position dans la hiérarchie des emplois.
Elle est définie selon trois critères : autonomie, complexité des tâches, et niveau de responsabilité.
Les classes vont de 1 (emplois d’exécution) à 7 (cadres dirigeants). Un téléconseiller débutant peut ainsi être en classe 2 ou 3, tandis qu’un actuaire confirmé relèvera de la classe 5 ou 6.
Chaque classe correspond à une fourchette de salaires, mais aussi à un niveau d’attente en compétences. C’est un outil de transparence… mais aussi de négociation.
Si vos missions évoluent, vous êtes en droit de demander un reclassement.
Le passage à une classe supérieure dépend souvent :
- De l’ancienneté et des entretiens annuels.
- D’un changement de poste ou d’un élargissement de vos fonctions.
- De formations suivies, certifiées ou qualifiantes.
Un conseil : ne restez pas passif. La classification est aussi un levier de valorisation. À compétences égales, votre niveau peut (et doit) évoluer.
Salaires, avantages, classification… Est-ce identique dans toutes les entreprises ?

Pas tout à fait. Si la convention fixe un socle commun, certaines entreprises appliquent des accords internes encore plus favorables. C’est notamment le cas de grands groupes comme Allianz, MAIF ou Groupama.
À l’inverse, certaines structures de plus petite taille ou en restructuration appliquent le minimum légal de la convention, sans aller plus loin. Cela reste légal, mais forcément moins attractif.
Autre point à noter : les agences générales d’assurance et les courtiers dépendent souvent d’autres conventions collectives, comme la convention des agents généraux d’assurance ou celle des intermédiaires d’assurance.
Les règles y sont différentes souvent moins généreuses.
Et si votre employeur n’applique pas correctement la convention ? Vous avez des recours. Le premier est le dialogue interne, RH ou syndicats. Le second, si rien ne bouge, c’est le Conseil de prud’hommes.
Quels sont les réflexes à avoir pour bien utiliser la convention ?
La convention collective est un document public. Elle est disponible en ligne, gratuitement, sur Légifrance ou sur le site de votre entreprise.
Vous avez tout intérêt à la lire (au moins les chapitres salaires, congés et classifications).
Avant de signer un contrat, vérifiez :
- La classe mentionnée dans votre fiche de poste.
- Le salaire brut proposé, comparé aux grilles en vigueur.
- Les clauses sur le temps de travail, les primes, la mutuelle, etc.
Et surtout, gardez à l’esprit que la convention évolue. Des avenants sont régulièrement signés entre partenaires sociaux pour actualiser les salaires, intégrer de nouveaux droits, ou adapter le texte au contexte économique.
Restez curieux, informé… et si besoin, demandez conseil à un représentant du personnel. Vous n’êtes pas seul.
